COMMÉMORATION DES 45 ANS DU MOUVEMENT ÉTUDIANT DE « MAI 68 » AU SENEGAL.
Le malentendu Senghor-étudiants
Le mouvement estudiantin de « mai 68 » à Dakar a été une révolte universitaire et
démocratique. A cette époque, il a causé une fracture entre l’ancien président
sénégalais Léopold Sédar Senghor et les étudiants. Une rupture qu’il n’a pu
ressouder jusqu’à son départ. A l’occasion des 45 ans du mouvement, le Centre
de Recherche Ouest Africain (WARC) a abrité une table ronde. Des témoins ont
relaté les faits marquants de ces événements.
Le
mouvement du 29 Mai 1968 a été un tournant décisif au Sénégal. Il a
participé au processus de décolonisation
et de démocratisation du pays et aussi à
l’éveil de conscience des citoyens. Ce furent des heures chaudes, une fracture entre
Senghor et les étudiants.
Le
mouvement populaire des étudiants avait comme
slogan : « nous voulons une université au service du
peuple ». L’objectif dudit
mouvement était d’africaniser l’université, qui était le temple du savoir
de toute l’Afrique. « Cette solidarité très forte entre les étudiants
africains a poussé Senghor à la négociation »,
a souligné Abdoulaye Bathily. Le professeur
Bathily a affirmé qu’« il faut penser à nos autres camarades
africains qui ont contribué au combat ».
« Pendant la période où les étudiants
sénégalais se sont insurgés, organisant des marches et des débats, nous, jeunes
Gambiens, restions solidaires avec le camp de Bathily. En fait, les étudiants gambiens avaient
bruyamment manifesté contre la visite de Senghor en Gambie qui a eu lieu à la
même période », a témoigné par correspondance Mbye Cham, professeur à
l’Université de Howard à Washington DC.
Le
mouvement avait mis le pouvoir «à genoux ». « Senghor était
surpris de l’ampleur de ce fameux
événement. Car c’était un mouvement qui
était bien préparé. Le gouvernement avait tout calculé et programmé sauf les
étudiants. C’est ce qui a causé le désamour, le désengagement des étudiants
vis-à-vis de Senghor », s’est souvenu Ousmane Camara, ancien directeur
de la Sûreté nationale sous le régime de
Senghor.
Selon lui, ce mouvement a créé une révolte farouche et a semé un malaise
entre Senghor et les étudiants. « Le mouvement populaire de mai 68 avait contraint le pouvoir, causant un malentendu entre les étudiants et le
président. A cette époque, la tension était vive, la situation chaotique, le
pouvoir mis à genoux par les étudiants.
Ils avaient même boycotté l’université
pendant quatre mois », a
renchéri l’ancien directeur de la Sûreté nationale, en marge de
cette table ronde.
D’après
Ousmane Camara, quarante neuf étudiants parmi lesquels le professeur Abdoulaye Bathily et Mamadou Diop Decroix, actuel secrétaire général du parti politique AJ/PADS, sont enrôlés de force dans l'armée et les étudiants étrangers sont rapatriés vers leur pays respectif.
« Nous avons passé
deux jours au camp Archinard à Ouakam.
Par la suite, nous les Gambiens avions été chargés dans les camions pour être
rapatriés en Gambie. Il en fut de même pour les autres étudiants ouest
africains avec différents moyens de transport. Ils (les policiers) nous ont
tout de même permis de récupérer nos bagages dans nos chambres avant de
rejoindre la Gambie », a écrit également l’ancien étudiant gambien
Mbye Cham dans sa correspondance.
En effet, le mouvement du 29 mai est le
prolongement de ce qui se passe aujourd’hui dans le
système éducatif sénégalais. Il a eu un impact positif, puisqu’il a favorisé le maintien des
bourses des étudiants, la diminution des salaires des ministres, des
députés et des autres fonctionnaires de l’Etat. Il a participé à l’éveil de
conscience politique et syndicale.
Ejicom. Infos.